Premières lignes

Route_genLa mémoire au secret : œuvres cachées, perdues…retrouvées de Buchenwald-Dora

            Les situations d’enfermement mobilisent une pulsion scriptuaire, une irrépressible nécessité de laisser des traces : graffitis, correspondances, journaux intimes, rapports, poèmes, croquis, dessins, sculptures, compositions musicales, etc. Ainsi, malgré l’effroi et les risques encourus, grâce à une complicité collective, cette nécessité s’est aussi exprimée au sein de l’univers concentrationnaire. Elle est devenue une arme de résistance.

Nous évoquerons ici la réalisation périlleuse et le destin souvent romanesque de certaines œuvres réalisées au camp de concentration de Buchenwald-Dora : les recueils de poèmes de Roger Foucher-Créteau, d’André Verdet et les dessins de Jacques Lamy, Boris Taslitzky, Georges Sanchidrian. Crées en secret, cachées dans des lieux improbables, ces créations ont parfois été portées disparues, déclarées à jamais perdues, jusqu’à leur réapparition. Ainsi en 2012, 150 dessins de Camille Delétang et le journal du Dr. Armand Roux ont resurgi.

A partir de l’évocation de ce musée concentrationnaire, nous aborderons les questions suivantes : comment ces œuvres prisonnières, fantômes, revenantes, s’inscrivent-elles dans le travail de mémoire et de post-mémoire ? De quelle charge symbolique sont-elles les vectrices ? Quelles aires de connaissance ouvrent-elles ?